Question écrite concernant le plan interfédéral 2023-2025 pour lutter contre la consommation nocive d’alcool.
- de
- Mohamed Ouriaghli
- à
- Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°725)
Date de réception: 24/04/2023 | Date de publication: 19/01/2024 | ||
Législature: 19/24 | Session: 22/23 | Date de réponse: 14/06/2023 |
Date | Intitulé de l'acte | de | Référence | page |
31/05/2023 | Recevable | p.m. |
Question | Selon Sciensano, 14% de la population belge « boit de trop » cest-à-dire plus de 10 unités dalcool par semaine, et 7% sont dépendants à lalcool. Par ailleurs, 45% des consommateurs âgés de 15 à 24 ans ont commencé à consommer de lalcool avant 16 ans, généralement entre 12 et 14, alors quune consommation précoce peut conduire à des dommages cérébraux irréversibles.
Lalcool est la 2ème cause de mortalité évitable après le tabagisme et la Belgique fait malheureusement partie des pays où la morbidité liée à l'alcool est élevée. Nous devons dès lors nous réjouir de cet évènement : fin mars, la Belgique se dotait enfin dun plan interfédéral 2023-2025 pour lutter contre la consommation nocive dalcool. Lidée dun tel plan est née en 2008. Quinze années plus tard, les Ministres fédéraux et régionaux se sont entendus sur un plan contenant 75 actions à mener en 2023, 2024 et 2025. Une évaluation de ce Plan est prévue en 2025. Ce dernier sinspire des recommandations de lOrganisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Conseil Supérieur de la Santé. Il comprend, entre autres, des mesures axées sur la sensibilisation et la prévention, des mineurs notamment, par la restriction de la pub et du marketing autour de lalcool, mais aussi des restrictions à la vente. Il prévoit de mieux diriger les personnes ayant une consommation problématique vers les soins ad hoc et mettra sur pied un « trajet de soin alcool » aux jeunes qui passent par les urgences après une intoxication à lalcool ou à la suite dun accident sous influence. Des professionnels de la santé se sont exprimés publiquement pour témoigner de leur déception car, eu égard à lampleur de la problématique, ils jugent ces mesures insuffisantes : certaines ne vont pas assez loin daprès eux, dautres qui étaient pourtant recommandées par les experts ny figurent pas. Jen viens à mes questions :
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Réponse | Je vous remercie pour vos questions. Comme je l’ai déjà indiqué dans une question d’actualité, ce plan est une première étape, certes, qui ne rencontre pas toutes les attentes initiales. Qui est le reflet d’un compromis entre plusieurs visions qui n’ont pas toujours été dans le même sens (vision de Santé publique >< Commerciale et lobbying des alcooliers). Dans ces réunions, nous avons toujours défendu deux points essentiels : 1) l’importance de ne pas stigmatiser les personnes alcoolodépendantes et donc déployer un maximum nos mesures en prévention et la promotion de la santé, surtout vis-à-vis des jeunes, via les actions du PSSI et du plan promotion de la santé ET via nos services ambulatoires qui aident et accompagnent les personnes alcoolodépendantes comme Le PELICAN qui fait un travail formidable ! 2) de travailler avec le fédéral sur une « dénormalisation » de l’alcool dans notre société => pour informer les personnes des dangers de ces abus sur notre santé et notre vie, sans pour autant prôner une vision prohibitionniste du produit (pas dire que boire c’est mal). On salue les actions suivantes du plan : ð interdiction d’offrir de l’alcool dans le cadre d’une campagne promotionnelle ; ð interdiction de vente d’alcool dans les distributeurs automatique ; ð interdiction de la vente des vins mutés aux moins de 18 ans (Porto , sherry) ; ð possibilité de créer un fonds qui servirait à financer des mesures de santé publique auquel l’industrie des alcooliers devra contribuer ; ð registre des lobbys pour les administrations et les cabinets ; ð soutien à la généralisation du label « Quality Nights » en milieu festif. Certaines propositions issues des compétences fédérales ne vont cependant pas assez loin, alors qu’elles auraient pu être des leviers majeurs en termes de santé publique. ð Il est notamment à déplorer que l’interdiction de vente d’alcool dans les stations-services le long des voies rapides n’ait lieu qu’entre 22h et 7h du matin. ð On aurait aussi souhaité une interdiction plus large du marketing et de la publicité pour l’alcool et un étiquetage clair lié aux dangers de l’alcool et à la composition du produit ou sur la présence obligatoire des unités d’alcool par contenant. ð On regrette aussi le fait que l’action 24 mentionne que le terme "Stimuler » la mise à disposition d’eau gratuite dans l’HORECA alors que la proposition était de rendre obligatoire la distribution d'eau potable gratuite dans l'Horeca et les milieux festifs. L’évaluation des mesures du plan, en 2025, sera l’occasion de le faire évoluer pour qu’il soit plus en adéquation avec les volontés des experts de santé publique et l’objectif de limiter les surconsommations d’alcool. Au niveau régional bruxellois, nous portons déjà toute une série d’actions en réduction des risques et en prévention des assuétudes inscrites dans les axes du PSSI et du plan promotion de la santé via notamment : · le réseau de la FEDITO et Safe ta night ; · la campagne Tournée minérale portée chaque année en février ; · des associations comme le Pélican, Modus Vivendi, Eurotox ou Univers santé. Enfin, le 1er janvier 2023, la COCOM a reçu une demande de subsides facultatifs de l'asbl Eurotox afin d'organiser le sous-Point focal Bruxellois de l’Observatoire Européen de drogues et Toxicomanies. |